...je me rappelle que, vers l’âge de dix ans, dans un peu moins de deux mètres carrés, entre des boites de conserves et des balais, j’avais « organisé » mon premier établi : en faisant de la place sur une planche en contreplaqué, en fouillant dans la boite à outil de mon père, grâce aux précieux cadeaux d’une scie à archet, d’un marteau, d’un petit étau de menuisier et d’une perceuse à main – ah, quel plaisir c’était d’actionner sa manivelle et de sentir vibrer ses engrenages – en utilisant des « morceaux de bois » récupérés après le travail de mon père sur une étagère, en les mélangeant avec des cure-dents et les pinces à linge en bois de ma mère, je libérais ma fantaisie en créant des objets les plus variés, des voitures, des bateaux, des robots avec leurs astronefs, des mini châteaux forts, tous en étant une superposition « réfléchie » et libre au même temps de formes travaillées ou, plus simplement, adaptées à une idée, une image…

Après mon diplôme d’architecture, obtenu en Italie en 1994 à l’Université de Naples, et des expériences professionnelles en tant qu’architecte indépendant sur des projets personnels d’agencement d’intérieurs et/ou en collaboration avec d’autres architectes, je rejoins mon épouse en 2005 à Paris.

Après une première mission en tant que dessinateur-projecteur dans deux agences d’architecture, j’ai travaillé 15 ans dans un atelier d’architecture en tant que chef de projet.

J’ai toujours dit à mes collègues que, si un jour je devais partir de l’atelier, ce ne serait pas pour travailler dans une autre agence d’architecture mais pour monter mon projet, celui que m’anime et me motive depuis toujours.

En 2019, j’entame mon projet de reconversion professionnelle en suivant la formation « CAP Fabricant de Menuiserie Mobilier et Agencement » au sein du Greta Hauts-de-Seine au Lycée Louis Blériot de Suresnes. En 2020, avec le diplôme en poche, je crée ma société, SUMISURA, dédiée à l’aménagement intérieur, la création, fabrication, vente et pose de mobilier sur-mesure en bois ainsi qu’à la création, la fabrication et la vente de mobilier en Kits encastrables.

...maintenant, les établis sont plusieurs, les mètres carrés se sont multipliés, les outils sont des objets impressionnants et magiques, les cure-dents et les pinces à linge se sont transformés en panneaux de contreplaqué, de bois massif, d’aggloméré et de MDF...le temps passe et je ne le vois pas passer...les formes, le lignes, les images...des rêves qui se construisent, se superposent, qui se colorent d’émotions et de mots doux et rassurants…

Je n’ai jamais regardé un espace comme une page blanche, comme un vide.

Un espace c’est comme un mouvement, une direction.

C’est une couleur ou le reflet d’une lumière. Ce sont des lignes qui se croisent, des angles et des volumes.

Un espace c’est l’interaction avec notre corps, c’est même son prolongement.

Un espace ce sont nos images, nos idées, nos histoires.

Mon regard d’architecte est à « l’écoute » de cet espace. La première étape de ma démarche « architecturale » met ensemble les histoires, les demandes, les souhaits, avec un volume, une niche, une paroi. C’est à ce moment là que le projet « sur-mesure » commence. C’est à ce moment que commence la recherche du mot « juste » capable de donner un sens à une phrase laissée en suspens.

Le bois est la matière de construction de ce projet. Les planches, les surfaces, les veines, les chants, les multiplis, les teintes, sont les briques qui, assemblées de mille façons, convergent vers une forme, un objet, une harmonie.

« L’assemblage » de la matière en images 3D c’est la deuxième étape du processus du projet « sur-mesure ». Un projet qui se concrétise, s’affine, change et s’enrichit, dans un échange constant entre les personnes et leurs idées, entre les lignes et les formes qui se dessinent derrière.

Finalement, tout est prêt. Les planches sont découpées, sont usinées, sont assemblées « à blanc » en atelier. C’est comme la répétition d’un spectacle, la troisième étape, celle des derniers ajustements et vérifications en vue de la mise en scène finale.

Dernière étape, la pose. L’objet prend sa place définitive dans l’espace. Le mot « juste » entre en relation avec celui-ci, le complète, le souligne, le transforme, le rend unique, ou, tout simplement, lui suggère un nouveau commencement.   

Les projets sont des relations, des échanges, un partage.

Ce sont des idées, des dessins, des images...mais aussi un lieu et des machines.

L’atelier est un espace qui rassemble plusieurs savoirs-faire artisanaux, artistiques et technologiques.

Des serruriers, des couturiers, des céramistes, des ébénistes et des menuisiers partagent un parc de machines professionnelles et leur savoir-faire respectif.

La présence de professionnels pluridisciplinaires permet la concrétisation d’une multiplicité de projets, de l’objet unique à l’agencement complexe multi-matériaux.

Des outils traditionnels aux machines à contrôle numérique, des panneaux dérivés du bois aux planches en bois massif, tout est canalisé pour apporter les réponses adéquates aux demandes les plus variées.

Le partage se fait aussi et surtout avec les clients, qui peuvent suivre à tout moment la réalisation de leur projet, du choix des matériaux et des finitions jusqu’au pré-montage des différents éléments.